Lundi 21 juin 2010
Au petit matin, au plus dur du coup de vent, au près dans une mer hachée, la logique de sécurité prend le pas sur la logique de course. Le Solent menaçant de se déchirer, De l’espace pour la mer marche sous voilure réduite, s’écartant de la route qui lui aurait permis de coller au peloton.
Epuisé par les manœuvres, rincé, l’équipage souffre chaque fois que le bateau vibre et tape dans les vagues. Lorsque les conditions permettent de relancer la toile, le passage à niveau de Wolf Rock puis de la pointe de Cornouaille s’est déjà refermé devant le duo.
L’équipage, privé de concurrents directs, refait la moitié de son retard en mer d’Irlande. Il espère réduire son écart sur la tête de course, grâce à la bulle sans vent prévue au phare du Fastnet. Lorsque Véronique et Sigrid prennent la mesure de leur retard par radio, une course contre la montre débute : arriver moins de 24h après le premier sinon la qualification leur échappe. A l’approche du Fastnet, la faiblesse du vent les ralentit et une bouée de casier prise dans le safran stoppe le bateau…
Libéré, De l’espace pour la mer entame la descente vers Douarnenez sous spi, démontrant enfin son nouveau potentiel dans une dernière ligne droite : 167 milles de retard avalés en 19h, avec des pointes à 14 nœuds. Ce Mini Fastnet aura certes été difficile, mais riche d’enseignement pour la navigatrice « C’est une bonne préparation pour la course des Açores. En configuration « course au large », le pire en solitaire c’est les moments de doute car tu fais des choix mais tu ne vois pas le résultat au classement. Dès lors que tu ne navigues plus à vue de tes concurrents, c’est le mental qui te pousse à relancer la toile, à ne rien lâcher ».