mardi 4 septembre 2007

Une 6ème place à l'Open Demi-Clé (Juillet 2006)

Entre le rase-caillou de Bréhat, des Sept-îles, de Lundy Island, et les longs bords hauturiers de la double traversée de la Manche, l’Open Demi-Clé est à mes yeux la plus variée et la plus intéressante des courses du circuit Mini Atlantique. Outre le fait qu’elle se joue en double, les 3 étapes de la course permettent de mieux appréhender nos concurrents et leurs techniques, de faire le point avec son équipier à l’issue d’une étape et de mieux préparer la navigation suivante. Sans compter que les escales offrent la possibilité de réparer à terre, un luxe dont nous avons largement profité !

Lorient, un départ mouvementé. A quelques malheureuses heures du départ de la première étape, le profil du mât d’Oyapock (le tube en aluminium) me cachait une faiblesse dont j’étais loin de me douter : le dernier point de ma checklist stipulait de vérifier le gréement et d’ajuster les réglages de haubans si nécessaire. Pour cela, j’avais eu tord d’attendre l’arrivée tardive de mon coéquipier… En montant en tête, nous nous sommes rendus compte de l’étendue des dégâts : 3 des 6 embouts qui servent d’encrage aux haubans sur le mât étaient fissurés ou même déjà rompus. Un démâtage assuré si l’assistance de ma famille venue me rendre visite n’avait pas permis de se procurer de toute urgence le matériel de remplacement. Premier défi relevé ! La ligne de départ est passée dans les temps, avec une nouvelle bonne leçon à la clé : la tenue et l’équilibre du gréement font partie des premiers points à vérifier, pour un départ aussi bien qu’à l’issue d’une course.

1ère escale à Brest, les soucis de gréement continuent. Sur les pontons, le représentant d’«Iroise Gréement» se creuse la tête avec moi : les encrages détériorés ont abîmé la découpe dans le mât, à l’endroit où ils viennent prendre appui. La solution pérenne, c’est la mise en place de renforts, découpés dans un autre mât de pogo 2, et ceci avant le départ du lendemain matin. A nouveau, le défi est lancé in extrêmis et l’objectif atteint à temps ! Je repars tranquillisée. Je sais que si le gréement tient la 2ème étape, il supportera la 3ème.

Une belle 5ème place pour l’étape la plus longue. L’arrivée des 500 milles parcourus en Manche est magique. Dans les lueurs de l’aube, nous profitons d’un souffle qui semble venir de nulle part (brise de mer alternée avec une brise de terre) et dont nous sommes les seuls à profiter : jonglant avec un spi tantôt tribord tantôt babord amures, nous doublons nos concurrents, trop fatigués pour tirer parti de la situation. Dès le lendemain matin, les préparatifs reprennent sur le ponton. Nous avons 48 heures de sursis et 1000 actions à remplir. Suspendue à la drise de spi, alors que je refais un tour minutieux de mon gréement dormant et coulant, j’apprends au téléphone que le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales) a décidé d’encourager le projet ! Je suis au bout de mon harnais mais dans ma tête, je saute de joie. Non seulement je vais aller à la rencontre d’enfants à qui j’expliquerai l’aventure d’Oyapock, mais je sais aussi que c’est un passeport pour la commande d’un profil neuf, autrement dit le début… de la fin de mes ennuis !

L’arrivée à Lorient A plusieurs reprises dans la nuit noire, nous accrochons de copieux paquets d’algues dans les safrans et la quille. Dès que la moyenne de vitesse chute , il faut bondir et s’en séparer à tout prix. Toute la descente, nous marquons notre concurrent le plus dangereux, le mistral 6,50 « Napadélis ». Cette tactique nous conforte dans notre 6ème place au général et sur l’ensemble de la course. Le travail à bord d’Oyapock commence à porter ses fruits.

La qualification à la Mini-Transat 2007 continue avec une nouvelle étape : celle des 1000 milles à parcourir seule et surtout, sans assistance. Même si ce n’est pas une course, c’est déjà un premier goût de l’aventure salée qui m’attend dans un an, puisqu’il s’agit de conforter mon appétence de solitaire ainsi que ma capacité à me sortir de toute situation embarrassante. A Kourou, de nouveaux amis m’ont appris l’art d’utiliser le sextant (ce dont j’aurai besoin pour cette épreuve). Le parrain de bateau, Piere-Marie Lebris, se déplace début Septembre pour préparer le voilier avec moi.

Départ prévu le 9 Septembre, à bientôt sur les ondes de la VHF !