mardi 11 septembre 2007

Véronique Loisel, bientôt en orbite !

Véronique Loisel, 34 ans, prendra le départ le 16 septembre de la transat Charente Maritime / Bahia sur son petit voilier de 6m50 dénommé « De l’espace pour la mer ». Elle coupera la ligne de départ à 11h00 au large de Fort Boyard, direction Funchal (Madère) puis Salvador de Bahia au Brésil pour une aventure iodée de plus de 4200 milles soit 7800 kilomètres. Ingénieur chez Arianespace, Véronique, jeune femme au large sourire et à la volonté sans faille prépare cette transatlantique depuis maintenant deux années jonglant non sans difficultés entre vie professionnelle en Guyane et à Evry, et préparation de son voilier à Lorient. Dernièrement cinquième de la Transgascogne sur son Pogo 2, un voilier de série, Miss Loisel compte réaliser un résultat sportif sur cette transat 650 mais elle part aussi avec de nombreuses autres ambitions comme faire partager son aventure. Entretien…

1) Comment se déroule ta préparation ?

Depuis le 31 août, je m’active afin de bien préparer mon voilier à la compétition. A Lorient où je m’entraîne depuis début 2006, j’ai eu pas mal de travail notamment un peu de stratification sous le plancher de mon pogo 2, j’ai aussi revu l’électricité, caréné la coque et changé l’un de mes safrans. Après un convoyage que j’ai effectué en double dans de très bonnes conditions, j’aborde maintenant la dernière ligne droite à La Rochelle avant le grand départ. Au programme : organisation du bord, avitaillement en nourriture et quelques bricolages avec Julien, mon cousin, qui est venu m’aider.

2) As-tu beaucoup navigué depuis le début de ton projet en 2006 ?

J’ai acheté mon Pogo 2 en décembre 2005 à Olivier Avram, un ancien coureur. Depuis j’ai beaucoup navigué. Il a fallu tout d’abord que je me qualifie pour la transat 6.50. J’ai effectué 2100 milles en course avec notamment une belle sixième place en double sur l’Open demi-clé et 1000 milles hors course en solitaire. Une expérience très riche car rapidement lors de cette qualification, je ne disposais plus d’énergie. Cela m’a permis d’apprendre à régler mon bateau et naviguer sans pilote dans des conditions chaotiques. Cette année, je retiens surtout le gros temps que nous avons connu lors de la transgacogne (Véronique termine à la cinquième place). Je me suis rendu compte que le couple skipper / bateau ne pouvait pas tenir très longtemps dans la tempête… Je ne me souvenais d’ailleurs pas avoir connu une mer aussi forte !

3) Pourquoi être au départ de la transat Charente Maritime / Bahia ?

Depuis quelques années, j’avais envie de réaliser une transat en double avec une très bonne amie. Cela ne s’est pas fait. En 2005, j’ai découvert un mini 650 dans le port de La Rochelle et j’ai eu le déclic. Etre au départ en 2007 ! A l’époque, je me disais que, tout de même, il fallait être un peu fou pour traverser l’atlantique sur de si petites embarcations. Aujourd’hui, je me sens bien à bord d’Oyapock : le bateau est tout à fait à ma taille. La mer m’a toujours attiré. J’ai d’ailleurs déjà beaucoup navigué avant ce projet sur Pen Duick III et VI (traversée de l’atlantique), ou encore en JOD 35 ou aux entraînements d’hiver de la Trinité-sur-Mer. Et puis, la voile est ancrée dans mon éducation. Mes ancêtres étaient capitaine au long cours. Je crois que j’ai toujours eu l’appel du large.

4) De l’espace pour la mer, pourquoi ce projet ?

Je suis ingénieur en électronique de formation. A 24 ans, j’ai répondu à une annonce pour travailler chez Arianespace. Voilà 10 ans maintenant que je travaille pour Ariane. De par mon boulot (Véronique est l’interface entre les clients de satellites et le lanceur Ariane), j’ai pris conscience de la richesse de la terre et je me suis vraiment intéressée à cet univers ! Alors quand j’ai lancé mon projet de transat 650, il m’a paru évident qu’il fallait associer les deux mondes qui m’attirent le plus.

5) Comment allies-tu alors ces deux univers ?

En faisant partager au plus grand nombre ces deux milieux ! Avec le CNES, le conseil général de l’Essonne et la mairie d’Evry, nous allons faire vivre ma transat aux enfants d’Essonne. De nombreux satellites envoyés par le CNES ou d’autres entités mondiales comme l'Agence spatiale Européenne (ESA), la NASA surveillent l’océan. Le satellite « Jason » calcule, par exemple, la profondeur des océans, contrôle les courants ou encore la salinité. Les enfants vont d’ailleurs suivre l’évolution d’une balise « argos » que je vais larguer en mer pendant ma transat. Ils pourront ainsi en exploiter les données. Je suis vraiment ravie que mon projet initial et assez solitaire devienne un projet partagé. Je ne pouvais d’ailleurs pas imaginer mieux. Après mon aventure, mes partenaires organisent une conférence avec Claudie Haigneré afin de comparer la vie en milieu extrême dans l’espace et dans le milieu confiné qui sera le mien dans les semaines qui viennent.

6) Pour finir, peux-tu nous présenter ton voilier et nous donner tes objectifs sportifs ?

Mon pogo 2 s’appelle Oyapock, le nom du fleuve séparant la Guyane Française du Brésil. Mon voilier de série et moi avons fait des « pas de géant » depuis fin 2005. Je me rappelle avoir déchiré la grande voile lors de ma première sortie. Il a maintenant beaucoup changé et je pense qu’il est optimisé pour cette course même si son ancien propriétaire Olivier Avram (quatrième en 2005) l’avait déjà soigné aux petits oignons. C’est devenu vraiment le mien !

Mon objectif sportif est de terminer la course dans la première moitié du classement des voiliers de séries.