Pas facile de ne dormir que d´une oreille !
Être en permanence aux aguets... à l´écoute du moindre bruit suspect. Mais c´est un peu comme la maman avec son petit ou le pilote de ligne avec son avion, on se sent sacrément responsable, même si on a cédé les commandes à la nounou ou bien au copilote !
Toute l´année dernière, j´ai essayé de mieux me connaître côté rythme de sommeil. Parce que le sommeil des navigateurs est un sujet somme toute assez mal connu, et que, je le sais pour les cotoyer, peu de ministes y travaillent, bien souvent par manque de budget. Pas facile quand on sait que le meilleur entraînement est de loin celui du large !
Avec Agnès Brion, une spécialiste des troubles du sommeil, et Rémy Hurdiel, étudiant à l´Université du Littoral à Dunkerque, nous avons analysé mon rythme à l´aide d´un actimètre. L´actimètre est un accéléromètre que l´on porte comme une montre et qui enregistre toutes les accélérations du poignet. Les données récoltées par l’actimètre nous ont permis de découvrir mes « portes du sommeil », c´est-à-dire les moments au sein d´une période de 24 heures qui, pour moi, sont favorables à un endormissement rapide et un sommeil réparateur.
Première étape | Seconde étape | |
Durée de la course | 6,5 jours | 23 jours |
Nombre d´heures de sommeil minimal visé en 24h | 4h | 5h |
Nombre d´heures de sommeil moyen en 24h | 3h 45min | 4h 30min |
Minimum d´heures de sommeil en 24h | 30min | 1h 40min |
Maximum d´heures de sommeil en 24h | 4h 30min | 8h |
Côté confort, j´ai rapidement été « servie » !
À bord, je disposais de 2 minuteurs de cuisine et d´un réveil avec une sonnerie puissante. Souvent je mettais les 3 en marche, car... quand on est claqué, la panne de réveil est monnaie courante ! Il y a même une fois où j´ai demandé au mini n°551, à portée de VHF, de me réveiller au bout de 20 minutes. J´avais vraiment peur de ne pas me réveiller, tellement j´étais fatiguée.
Une seule fois, je me suis mise dans mon sac en polaire pour m´endormir. Le reste du temps, je m´en servais comme d´un oreiller que j´essayais de garder précieusement au sec. Je pensais passer beaucoup plus de temps à dormir dehors, dans le creux du cockpit, à cause de la chaleur à l´intérieur du bateau à l´approche de l´équateur... Et bien non, j´ai dormi les 3/4 du temps dans ma bannette au vent, la tête rivée vers le GPS. C´est là que je dormais le mieux, malgré l´espace que prenaient les sacs de matossage et les bidons d´eau, et malgré la gîte qui ne me permettait pas de m´endormir dans toutes les positions.
J´ai vraiment eu l´impression d´arriver à Bahia presque... reposée. Le rythme que j’ai eu m´a plutôt bien convenu. Je reste persuadée qu´il reste énormément de choses à découvrir sur le sommeil des navigateurs et qu´un sommeil bien géré est une des clés pour la réussite !