dimanche 4 novembre 2007

Ma transat... par Véronique

Gestion de son alimentation, de son sommeil, stratégie de course, problèmes techniques, "son" pot au noir... Véronique explique sa transat.
Premier épisode d'une "mini" série, Véronique revient en détails sur la gestion de son alimentation lors de la 2ème étape de la course :

Tu avais scrupuleusement préparé ton avitaillement, est-ce que ça s'est révélé payant ? T'es tu bien nourrie tout au long de cette longue étape ?

"Prévoir "au plus juste" la quantité et le contenu de la nourriture à embarquer pour la deuxième étape n'est pas une chose facile ! S'attarder à sa préparation à Madère m'a paru fondamental pour 3 raisons:

- l'étape est longue et il est nécessaire de prendre une marge, en cas de coup dur (un dématage ou la perte d'un safran par exemple).

- il faut embarquer de la nourriture facile à manger (à l'intérieur du bateau, lorsque les conditions météo sont mauvaises, il est difficile de servir de l'eau chaude sans se brûler)

- il est judicieux de goûter les produits auparavant afin d'être sûre d'en avoir envie au moment où ce ne sera pas forcément facile de se nourrir.

25 sacs pour 25 jours

J'avais préparé à Madère 25 sacs que j'avais soigneusement remplis pour chaque jour. Je suis ravie d'avoir choisi de stocker mes vivres ainsi car :

- chacun des sacs subvenait à mes besoins alimentaires pour 3 repas quotidiens bien équilibrés

- et le fait que les sacs soient transparents me laissait tout de même le choix des menus du jour !

Citron et chocolat

Avant de vous décrire l'organisation quotidienne à bord d'Oyapock, il faut que vous sachiez que depuis La Rochelle jusqu'à Bahia, j'ai vécu à l'heure TU (temps universel).

Entre 3 et 5 heures TU du matin, au moment où les heures peuvent être longues à la barre, je piochais dans ma touk (bidon étanche) un petit sac de nourriture. Souvent lorsque le réveil etait difficile, je buvais un thé ou je croquais dans un quartier de citron et je peux vous dire que c'était extrêmement efficace. De nuit, il vaut toujours mieux privilégier les fruits oléagineux, les noisettes ou les noix, ou bien des aliments salés. Manger sucré a l'inconvénient de favoriser l'endormissement. J'ai respecté cette "règle" jusqu'à certaines limites puisqu´avant le lever du jour, ma ration quotidienne de chocolat y était ... presque toujours passée ! Pour sûr, le moral du capitaine est directement proportionnel à la progression du navire. La fin du petit dejeuner se prenait plus tard avec du thé, une brique de lait et un ou 2 "pitchs" (petit pain brioché) ou bien des barres de céréales, en fonction des manoeuvres et de mon état de fatigue.

A la suite de la vacation météo sur Monaco Radio (la BLU), prévue à 11h03 TU précises, j'ouvrais à nouveau mon petit sac pour en extraire mon déjeuner: généralement une toute petite salade composée ou un plat préparé sous vide et un paté de sardine ou un morceau de saucisson. Le repas se terminait toujours par un fruit.

Après le coucher du soleil, je préparais un lyophilisé, en rajoutant une goutte d'huile d'olive. Fruit ou pom'pote (compote de pommes) en dessert. S'il restait des aliments dans le sac quotidien, j'essayais de les terminer, et tout ce qui n'avait pas été consommé, je le stockais avec les vivres prévues pour les coups durs (fruits secs, riz au lait, semoule).

Dès les premiers jours, j'ai perdu 40 litres d'eau douce...

Dès les premiers jours, j'ai perdu 40 litres d'eau douce sur les 100 que j'avais prévus pour la deuxième étape, parce que le petit bouchon soupape de 2 bidons s'est offert le luxe de s'ouvrir ... J'ai donc vécu cette étape avec 60 litres ce qui revenait à 3 litres par jour. J'ai décidé de restreindre ma consommation à 2 litres pour m'assurer une marge de manoeuvre en cas de problème. Je suis donc arrivée à Salvador avec un bidon de 20 litres intact ! Je crois que je n'ai pas assez bu malgré les jus et le lait dont je disposais mais c'est la solution qui m'a semblé la plus raisonnable.

Bien se nourrir à bord m'a toujours semblé primordial. Evidemment j'ai dû faire face à des problèmes de conservation (moisissure du pain et pourriture des fruits ce qui était prévisible avec un taux d'humidité et une température aussi élevés), parfois des manques d'appétit (lorsque j'ai eu à gérer mon problème de voies d'eau en même temps que ma voile déchirée). De nombreuses fois, les horaires étaient décalés pour cause de mauvais temps... en tout cas, j'ai vécu chacun de mes repas comme un réconfort et un arrivage massif de force et de chaleur. Je suis contente de les avoir prévus de cette manière sans pour autant avoir embarqué trop de vivres (il ne me restait que 4 sachets à mon arrivée à Salvador)."