mardi 4 septembre 2007

Oyapock en course, à la mémoire de Marie-Agnès Péron (Mai 2006)

C’est dans la baie de Douarnenez ce 25 Mai 2006 que la procédure de départ (chronologie en 5 minutes) est donnée pour la 1ère édition du « Trophée Marie-Agnès Péron », épreuve qualificative pour la Transat 6,50 de 2007. Nous partons pour 2 jours, en solitaire, réaliser une course de 210 milles (soit 390 km). Cette nouvelle épreuve de la Classe Mini rend hommage à Marie-Agnès Péron, navigatrice disparue en mer lors de la Mini-Transat de 1991.

Parmi les 67 minis 6,50 sur la ligne de départ,Oyapock dispute les premières encablures avec des minis de 12 nationalités : Belgique, Grande-Bretagne, Suisse, Australie, Pays-Bas, République Tchèque, Pologne, USA, Portugal, Allemagne, Slovénie et France.

Très vite, je juge mon départ décevant… mais la brume naissante ne me laisse pas la possibilité de comparer ma progression par rapport à la route de mes concurrents. Il faut jouer solo, et faire confiance à ses propres réglages. Le passage du Raz de Sein, 6 heures plus tard, est un goulot qui permet enfin de deviner dans la brume épaisse des voiles à fort rond de chute (caractéristique des mini6,50). Si tôt la baie des trépassés et le phare de la Vieille passés, j’envoie le grand spi d’Oyapock (70m2) qui me permet enfin de doubler une dizaine de voiliers (dont je devine les lumières de tête de mât). Toute la nuit, Oyapock vogue vite (entre 7 et 10 nœuds, soit 18 km/h): nous doublons la dangereuse pointe de Penmarc’h, empannons plusieurs fois pour traverser les Glénans, évitons de justesse un pêcheur qui fait fî des règles de prévention d’abordage ! Oyapock essuie aussi 6 à 8 départs au lof (surpuissance dans le spi qui couche le bateau et le ramène dans l’axe du vent). Au lever du jour, je suis plutôt satisfaite car j’ai réussi à dormir 5 fois 20 minutes (c’est un progrès pour moi) et, en m’entêtant à garder mon spi en tête, je pense avoir repris une place honorable.

Les bords que je mène successivement sous genaker puis au près sont difficiles psychologiquement car je n’ai pas de repère, il faut cependant poursuivre et se battre coûte-que-coûte ! Enfin, je recroise des concurrents qui m’avaient doublé à Groix. J’entâme la nuit dans une meilleure posture mentale, mais les évènements nocturnes que je suis amenée à suivre à la VHF (veile permanente obligatoire) donne des frisons dans le dos: pris au piège par les forts courants et le brouillard profond de la chaussée de Sein, 10% des minis se sont échoués, certains à l’endroit même où la veille, la SNSM et la marine nationale oeuvrait déjà pour retrouver E. Michelin.

Cette nuit-là, alors que les secours s’agitent, je perds 1h et demi car je progresse à tâtons vers l’occidentale de Sein, que je ne parviens pas à situer…A lors qu’enfin je devine son halot, je suis à 0.2 mile (sa lumière à une portée de 6 milles) et elle ne fait aucun bruit (elle est normalement dotée d’une corne de brume). Un soulagement qui me permet enfin de m’étendre quelques minutes alors que le lever du jour pointe son nez ! Quelques heures plus tard, Oyapock passe la ligne d’arrivée sous spi de capelage, en 20ème position série, avec cette belle leçon de morale dans l’étrave : ne jamais perdre confiance en soi, toujours persévérer !

Prochaine étape de la qualification: La mini-Fastnet (du 4 au 10 Juin 2006), course en double et sans escale de 700 milles. Oyapock et son équipage iront virer le fameux phare du sud-ouest de l’Irlande, le Fastnet.